Qu’est ce que l’automutilation numérique ?

De plus en plus d’adolescents pratiquent l’automutilation numérique : une forme d’automutilation dans laquelle ils s’envoient eux-mêmes, anonymement, des messages haineux. 

En août 2013, Hannah Smith, une adolescente de 13 ans, met fin à ses jours. On la soupçonne d’être victime d’intimidations de la part d’un groupe de jeunes sur Ask.fm, un site de questions / réponses anonymes. Quelques mois plus tard, l’enquête révèle que 98% des messages haineux reçus par l’adolescente provenaient de son propre ordinateur. Hannah avait créé un faux profil pour s’insulter et se menacer elle-même.  

Ce cas, bien qu’étonnant, n’est pas isolé. Entre 2019 et 2021, 1 adolescent américain sur 10 aurait pratiqué ce qu’on appelle “l’automutilation numérique”.  

S’automutiler consiste à se blesser soi-même, avec ou sans idée de se donner la mort. L’automutilation numérique fonctionne sur le même principe, à une différence près : les blessures infligées ne sont pas physiques, mais mentales, et numériques. Ces cicatrices invisibles ont pourtant un impact sur la santé mentale des jeunes.  

Des cicatrices invisibles mais alarmantes

Les données montrent que les jeunes femmes, les jeunes faisant partie de la communauté LGBTQIA+, et les personnes racisées sont non seulement les plus susceptibles d’être victimes de cyberharcèlement mais également de s’automutiler en ligne. Avoir subi du cyberharcèlement augmente 5 à 7 fois le risque de se tourner vers cette pratique. 

Bien que le phénomène ne soit pas nouveau, il connaît une augmentation alarmante. Certains adolescents vont jusqu’à créer un profil secondaire sur leurs réseaux sociaux, utilisés pour commenter les publications de leur compte principal, dans une démarche de cyberharcèlement, ou s’envoyer des messages haineux en privé. 

Si les causes de ce phénomène sont multiples, son expansion s’explique en partie par une détérioration de la santé mentale des adolescents, exacerbée par certaines pratiques numériques. En France, 21% des collégiens se sentent isolés et 13% des lycéens ont déjà tenté de se suicider au cours de leur vie (Enquête EnCLASS, avril 2024).

Que faire face à ces nouveaux dangers ?  

Malgré son caractère numérique, cette forme d’automutilation est une violence, et les douleurs qui y sont associées sont bien réelles. Les jeunes et les adultes doivent être sensibilisés aux risques liés aux réseaux sociaux, ainsi qu’aux signes de détresse émotionnelle en ligne.  

Encourageons le dialogue autour des pratiques numériques pour offrir un meilleur soutien aux adolescents en situation de vulnérabilité. Ensemble, créons un Internet plus sûr pour les enfants et les adolescents.