Considéré comme l’éloge de la pédophilie ou pornographie pure, beaucoup d’éditeurs estiment qu’il serait aujourd’hui impossible de publier le livre de Nabokov.
D’abord refusé par 6 maisons d’édition américaines, il est publié en 1955 à Paris par la sulfureuse maison d’édition Olympia Press puis censuré 1 an après sa parution en France et de nouveau publié en 1958 aux États-Unis chez Putman, le célèbre livre (vendu à plus de 50 millions d’exemplaires dans le monde) de Vladimir Nabokov intitulé « Lolita » est aujourd’hui un roman dont la célébrité reste encore très contestée.
L’HISTOIRE
Le livre se présente comme une longue confession rédigée en prison. Humbert Humbert raconte son histoire et sa passion obsessionnelle pour une jeune fille de 13 ans, Lolita.
Marié à la mère de Lolita, Humbert Humbert tombe éperdument amoureux de sa belle-fille de 13 ans. Suite à l’accident prématuré de la mère, Humbert Humbert devient le tuteur légal de Lolita. C’est alors que commence l’histoire malsaine entre Lolita et son beau-père dans l’Amérique puritaine des années 40.
Même si ce livre est une fiction, l’histoire dévoile un sujet tabou dans les années 50 et encore de nos jours. La pédophilie, l’inceste et l’hypersexualisation des petites filles sont au cœur de ce roman qui met en scène l’agresseur et la victime dans leur quotidien le plus intime. Pages après pages, seuls les ressentis du narrateur sont décrits en bafouant complètement le point de vue de la jeune victime. Ce qui rappelle tristement le nombre infime de plaintes pour agressions sexuelles dû au manque de prise en charge et d’écoute des survivantes. La justice a encore du mal à privilégier la parole des victimes, sous-estime le caractère criminel et le pourcentage de récidives des agresseurs.
En France, 60% des cas de viols ont pour victime des mineurs. Seulement 4% des viols sur mineurs font l’objet d’une plainte. Parmi les plaintes pour viols sur mineurs, 70% sont classées sans suite et 52% sont déqualifiées et correctionnalisées.
Christophe Tison, Le Journal de L.
En cette rentrée littéraire, Christophe Tison souhaite redonner, à Lolita, la place qui lui ait dû. Considérant que la parole de la principale concernée a été évincée. L’auteur a choisi de réécrire l’histoire à travers la vision de Lolita.
« Il fallait que je lui donne une voix, qu’elle parle, qu’on entende enfin Lolita. Et quoi de mieux qu’un journal intime où elle se serait confiée pleinement, sans pudeur.
Où elle aurait dit la vérité. »
Sous les traits d’un journal intime, Lolita s’exprime et pose noir sur blanc toutes ses émotions, ses questionnements, ses doutes et son désarroi. À travers ce livre, Christopher Tison a peut-être souhaité redonner la parole à toutes les victimes d’agressions sexuelles qui n’ont pu ou osé en parler.
Journal de L., roman de Christophe Tison, Edition La Goutte d’Or, en librairie le 22 août 2019. 280 pages, 19,50 euros.
Les politiques commencent à peine à prendre en considération ce fléau encore tabou et la parole des victimes se libère petit à petit. À l’ère du mouvement #metoo, les plaintes pour violences sexuelles ont augmenté de 23% en France à la fin de l’année 2017.
L’affaire Epstein a aussi déclenché un nouvel élan d’espoir pour les victimes qui n’ont jamais été entendues. Aux Etats-Unis, le « Child Victimes Act » a été ratifié par l’Etat de New-York en février 2019, à la grande joie des associations des victimes. Désormais, aucun délai de prescription de peut être invoqué. Les mineurs victimes d’agressions sexuelles ont désormais jusqu’à leurs 28 ans pour porter l’affaire en justice pénale. Jeff Anderson, avocat new-yorkais a d’ailleurs annoncé que son agence allait déposer plus de 200 plaintes.
Dans l’hexagone, la loi d’âge minimal de consentement à des relations sexuelles est de nouveau reconsidéré. Et le parquet de Paris a récemment ouvert une enquête pour viols et agressions sexuelles, notamment sur mineurs. Plusieurs victimes, mineures à l’époque, ont déjà témoigné contre le businessman.
À lire ou à relire : L’affaire Epstein
Le livre de Nabokov est devenu un roman scandaleux lors de sa sortie à la fin des années 50. Plus d’un demi siècle plus tard, le sujet reste au coeur de l’actualité et la décrédibilisation de la parole des victimes entrave toujours à la condamnation des auteurs.
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