Ultra-connectés, les enfants ont accès de plus en plus tôt aux écrans, l’âge moyen du premier smartphone est de 9-10 ans. Et depuis la crise sanitaire, ils y passent aussi de plus en plus de temps : 42% des parents déclarent avoir du mal à limiter le temps d’usage des écrans de leurs enfants (étude « Parents, enfants & numérique », UNAF/OPEN, 2022). En tant que parents, comment accompagner les premiers pas des plus jeunes dans le monde numérique ? Comment encadrer les temps d’écran ?
Limiter les écrans chez les tout-petits
Il est fortement recommandé de limiter voire d’éviter les écrans avant 3 ans. Mais depuis la pandémie et les confinements, les temps d’écran ont fortement augmenté, y compris chez les très jeunes enfants. Selon une récente enquête, 43% des enfants de 0 à 2 ans « utiliseraient » Internet (UNAF/OPEN, 2022). Si votre enfant regarde des comptines ou des dessins animés, préférer la télévision au smartphone, notamment en raison du principe de précaution sur l’exposition aux ondes électromagnétiques (qui présentent des risques pour la santé).
À cet âge, « l’enfant se construit en agissant sur le monde : la télévision risque de l’enfermer dans un statut passif de spectateur », rappelle le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Le spectacle le plus intéressant à cet âge reste les interactions avec son entourage, la découverte de ses capacités et l’exploration de son environnement.
Exposition aux écrans : la progression du 3-6-9-12
Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, donne plusieurs repères dans son programme de sensibilisation aux écrans. Il encourage une introduction progressive et raisonnée à différents âges, selon les étapes du développement de l’enfant.
Limiter les temps d’écrans en fonction de l’âge, c’est permettre à votre enfant de se consacrer à d’autres activités récréatives nécessaires au développement de son langage, sa pensée et son imagination, ses relations avec les autres ainsi que sa capacité à être seul, son autonomisation : la lecture, le sommeil, les devoirs, les interactions humaines et familiales…
Définir des temps sans écran à la maison
Si possible, respecter les « 4 PAS » recommandés par les pédiatres :
-
- pas ou peu d’écrans le matin. L’attention est essentielle pour les apprentissages scolaires. Les stimuli visuels et sonores ultrarapides des écrans peuvent fatiguer son système attentionnel avant d’arriver à l’école et diminuer sa concentration en classe. C’est un constat que font de plus en plus d’enseignants avec des enfants moins réceptifs aux apprentissages.
-
- pas d’écrans durant les repas pour préserver les échanges familiaux. Ces interactions sont bénéfiques pour son développement social, émotionnel et du langage.
-
- pas d’écrans avant de s’endormir car les images animées ne sont pas une activité calmante mais plutôt excitante pour le cerveau de l’enfant. De plus, la lumière bleue émise par les smartphones par exemple, a tendance à dérégler l’horloge biologique interne et la production d’hormones propices au sommeil.
-
- pas d’écrans dans la chambre de l’enfant car il est plus difficile d’en contrôler l’usage. Si vous demandez à votre enfant de respecter des limites de temps et d’éviter des contenus violents (notamment pour des jeux vidéo ou le visionnage de chaînes Youtube), cela lui donne une trop grande responsabilité pour son âge. Un enfant est souvent en difficulté pour évaluer la valeur et l’impact des contenus audiovisuels qu’il regarde mais aussi la durée effective de sa consommation d’écrans. Les règles verbales doivent donc s’accompagner d’actes (installation de logiciels / filtres parentaux, restriction d’accès aux écrans…).
Les parents peuvent avoir des difficultés à estimer le temps que passent leurs enfants devant les écrans ou à limiter leurs usages. Selon la même étude (UNAF/OPEN, 2022), les 7-10 ans passeraient quasiment trois fois plus de temps sur le smartphone que ce qu’imaginent leurs parents, de même pour l’ordinateur ou la console de jeu. Il est important de veiller aux temps d’exposition aux écrans des enfants et à les limiter avant d’aller à l’école, pendant les repas ou avant de dormir. Une consommation non maîtrisée des écrans peut exposer les enfants à des troubles de santé (maux de tête, difficultés d’endormissement, problèmes de vue…) ou des risques d’addiction.
Des enfants peuvent être tellement concentrés quand ils jouent en ligne qu’ils peuvent en oublier d’aller aux toilettes ou de manger, et ne se rappellent de leurs besoins qu’une fois qu’ils ont déconnecté de leur partie ! Il peut y avoir des effets négatifs sur l’humeur, la concentration ou l’attention, les capacités d’apprentissage ou encore l’estime de soi et la gestion des émotions. De 3 à 12 ans, vous pouvez profiter de temps d’écran partagés comme divertissement en famille, en plus des temps d’écrans individuels.
Quelques conseils pour la découverte d’Internet
La découverte d’Internet est recommandée plutôt après 9 ans mais de nos jours les enfants y ont accès plus tôt avec une tablette, le smartphone de leurs parents voire leur propre smartphone. Avec les plus jeunes, accompagnez-le dans ses premières recherches sur Internet, montrez-lui quels sites ou applications sont adaptés à son âge, paramétrez-les appareils pour plus de sécurité (contrôle parental, filtres des moteurs de recherche…). Essayez d’être présent régulièrement aux côtés de votre enfant lorsqu’il regarde des écrans. Vous pouvez discuter des images et des histoires pour l’aider à comprendre et exprimer ses émotions mais aussi développer son esprit critique et ses représentations du monde.
Les écrans sont à éviter dans la chambre des plus jeunes, il est préférable qu’ils aient accès à un ordinateur dans une pièce commune de la maison afin de pouvoir superviser leur navigation lorsqu’ils s’informent, communiquent avec leurs amis, jouent ou font leurs devoirs. Penser à récupérer le smartphone / la tablette le soir pour que les enfants n’y aient pas accès, même en cachette… Il n’est pas possible ni forcément souhaitable de surveiller tout ce que votre enfant regarde, surtout lorsqu’il grandit et aspire à plus d’intimité, notamment à partir du collège.
Mais il est important de lui rappeler votre présence bienveillante, sans jugement sur ses activités, et qu’il peut compter sur vous en cas de problème. Enfin, l’accès aux mineurs de moins de 13 ans est interdit sur les réseaux sociaux (Tik Tok, Facebook, Instagram, Snapchat…) mais la loi est peu appliquée dans les faits car de nombreux préadolescents se créent des comptes en contournant cette restriction d’âge. Pour en savoir plus sur la prévention des risques liés aux réseaux sociaux, lire l’article suivant.