Génération ultra-connectée, nos enfants sont des « digital native », pour la plupart capables d’utiliser des écrans tactiles en même temps qu’ils apprennent à parler ! Pour les ados et pré-adolescents en pleine construction identitaire, Internet et les réseaux sociaux sont un vrai terrain d’expérimentation sociale, où ils peuvent s’affirmer et obtenir la reconnaissance de leurs pairs.
Des adolescents ultra-connectés et exposés aux risques 2.0
Au lycée, 90% des jeunes utilisent des réseaux sociaux (Source : « Etude sur le cyberharcèlement des jeunes », 2021, e-Enfance / Caisse d’Epargne). Certains adolescents risquent d’être exposés à des violences de la part d’adultes ou de leurs camarades, mais aussi d’êtres auteurs. Si elles débutent dans un espace virtuel, leurs conséquences peuvent néanmoins être bien réelles !
Les jeunes de 15-17 ans sont particulièrement exposés, notamment aux insultes, revenge porn ou encore au cyberharcèlement. C’est pourquoi il est important de les informer sur ces dérives et de pouvoir les aider à adopter des comportements responsables pour respecter autrui et préserver leur vie privée.
Que dit la loi sur le cyberharcèlement ?
Vous pouvez informer votre adolescent du cadre juridique du (cyber)harcèlement qui est un délit. Le harcèlement est le fait de tenir des propos ou d’avoir des comportements répétés ayant pour but ou effet une dégradation des conditions de vie de la victime. C’est la fréquence des propos et leur teneur insultante, obscène ou menaçante qui constitue le harcèlement.
Le cyberharcèlement est un harcèlement s’effectuant via internet (sur un réseau social, un forum, un jeu vidéo en ligne, par mails etc.) et il est sanctionnable que les échanges soient publics ou privés. Les propos en cause peuvent être des commentaires d’internautes, des montages d’images, des messages sur des forums ou réseaux sociaux…
Les personnes qui harcèlent quelqu’un par des propos ou comportements répétés par le biais de supports numériques ou électroniques peuvent risquer jusqu’à 45 000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement si ces faits sont commis sur des mineurs de quinze ans (30 000 euros d’amende et 2 ans d’emprisonnement si la victime a plus de 15 ans). Article 222-33-2-2 du Code pénal.
Si l’auteur a moins de 13 ans, des règles spécifiques s’appliquent.
Cyberviolences à caractère sexiste et sexuel
Dans le cadre de leurs relations affectives et amoureuses, il est devenu commun pour les adolescents d’aujourd’hui d’échanger des photos ou vidéos à caractère intime. Vous pouvez aussi responsabiliser votre adolescent sur ce qu’il partage, sur la nécessité d’être respectueux et d’avoir le consentement des personnes concernées. Voici un clip de sensibilisation du collectif Rose Carpet pour réfléchir aux conséquences potentielles de ses actes en cas de partage non consenti.
Il est aussi important que les adolescents prennent conscience qu’envoyer ce type de photos ou vidéos peut les exposer à des actes malveillants (chantage sexuel, vengeance en cas de rupture amoureuse…). Pour en savoir plus sur les cyberviolences à caractère sexiste et sexuel, consulter notre glossaire des principaux risques liés à Internet et aux réseaux sociaux.
Le droit à l’oubli
Le droit à l’oubli est le droit de faire supprimer des données nous concernant sur Internet (dans le cadre du Règlement Général sur la Protection des Données applicable dans l’Union européenne)*. Son application peut être faite sous deux modalités :
- le « déréférencement », qui consiste à supprimer les liens renvoyant à des pages Internet. Les pages qui hébergent nos données existent toujours mais ne peuvent plus être accessibles via les moteurs de recherche.
- l’« effacement », qui consiste à supprimer les pages Internet qui hébergent nos données.
Pour les mineurs, le droit à l’oubli doit être respecté dans le cadre d’une procédure accélérée c’est-à-dire des délais de traitement prioritaires. Pour faire valoir votre droit à l’oubli, retrouver les démarches et formulaires sur le site d’e-Enfance : https://e-enfance.org/les-formulaires-de-dereferencement/. Si aucune réponse n’est donnée, ou si la demande est refusée, vous pouvez vous adresser à la CNIL.
*Le RGPD encadre le traitement des données personnelles sur le territoire de l’Union européenne. Entré en vigueur en 2018, il permet de renforcer le contrôle des citoyens sur leurs propres données et de l’utilisation qui en est faite.
Être parents d’ados 2.0
Les adolescents ont accès à des plateformes et des contenus presque à tout moment du jour et de la nuit, et de pratiquement n’importe où, pour autant qu’ils soient connectés. Cela n’est pas sans conséquence sur leur santé pour ceux qui veillent tard sur leur écran ou passent énormément de temps sur les réseaux sociaux. Plusieurs études nationales ont fait état d’une fatigue et d’un manque de sommeil chroniques, mais aussi de troubles de la concentration dans la durée et parfois d’une altération de l’estime de soi (pour celles qui postent régulièrement des photos d’elles et recherchent à tout prix l’approbation des autres par exemple).
Il est important de continuer à encadrer leurs temps d’écrans en prenant en compte leur autonomie, leur degré de maturité et le respect de leur vie privée. Si des logiciels de contrôle parental ne sont plus indiqués à leur âge, vous pouvez veiller à maintenir le dialogue sur leurs contacts et leurs activités en ligne et les informer sur le numéro national d’appel en cas de violences numériques : le 3018. Accessible par Tchat sur 3018.fr, Messenger et WhatsApp, il existe aussi en application téléchargeable pour une mise en relation et prise en charge par un écoutant spécialisé en cas de cyberharcèlement. Il dispose de procédures de signalement accélérées pour faire supprimer des comptes ou des contenus en quelques heures sur les réseaux sociaux.
Des adolescents sensibilisés et des parents responsables
Si les jeunes publient des photos et des vidéos d’eux-mêmes sur Internet, 84% des parents utilisent les réseaux sociaux et 38% y postent des photos de leurs enfants (études OPEN/Unaf, 2022 et e-Enfance/Caisse d’Epargne, 2021). Attention au droit à l’image de vos enfants, ces images peuvent être accessibles à tout le monde et pour une durée illimitée.
Il est facile pour des personnes malintentionnées de faire des captures d’écran, de les conserver ou de les diffuser sans votre consentement, y compris par dans le cadre de détournement par des pédocriminels.
D’après une enquête réalisée par Microsoft à l’occasion du Safer Internet 2020, 4 jeunes sur 10 considéraient que leurs parents les exposaient trop sur Internet ! Privilégiez les partages privés avec vos proches, vous pouvez aussi vous renseigner sur les paramètres de confidentialité des contenus échangés via les applications de messagerie instantanée. En tant que parent, montrer l’exemple peut être plus impactant que de nombreux discours. Vous pouvez échanger sur votre propre utilisation des réseaux sociaux et la manière dont vous êtes vigilant et protégez vos données notamment avec les paramètres de confidentialité ou les posts que vous publiez.
Ecoute et soutien psychologique en cas de mal-être, prévention du suicide
Vous pouvez également faire connaître à votre adolescent des plateformes / numéros d’écoute en cas de coup de blues ou de mal-être plus profond car il peut être difficile pour un jeune de se confier à ses parents…
Fil Santé Jeunes
0 800 235 236
Service d’écoute anonyme et gratuit pour les 12-25 sur les thèmes de la santé, de la sexualité, de l’amour, du mal être, etc. Permanence d’écoute téléphonique tous les jours de 9h00 à 23h00.
Tchat individuel ouvert tous les jours de 9h à 22h. Possibilité de poser des questions par mail via le site.
Phare Enfants-Parents
01 43 46 00 62
Espace d’accueil et d’écoute contre le mal-être et la prévention du suicide des jeunes s’adressant aux parents et eux jeunes. Permanence d’écoute téléphonique du lundi au vendredi de 10h00 à 17h00.
Permanence d’écoute par messagerie sur le site de l’association.
Croix-Rouge écoute
0 800 858 858
Service de soutien par téléphone (solitude, dépression, violence, addictions…). Permanence téléphonique de 9h à 19h en semaine, de 12 à 18h le samedi.
3114, numéro national de prévention du suicide pour être écouté et échanger avec un professionnel de soins (infirmier ou psychologue), spécifiquement formé à la prévention du suicide, qui pourra orienter vers un service d’aide et d’assistance. La ligne est ouverte 24h/24, 7j/7. L’appel est gratuit et confidentiel.