Le développement des nouvelles technologies a multiplié les formes de violences faites aux enfants. Les prédateurs sexuels agissent aussi en ligne pour consulter des contenus pédocriminels, traquer et contacter des mineurs. Ils n’hésitent pas à utiliser des techniques de manipulation pour mettre progressivement en confiance les enfants et les agresser sexuellement. 

Les risques liés à Internet et les réseaux sociaux  

Les prédateurs sexuels utilisent Internet, les réseaux sociaux et les jeux en réseau pour s’immiscer dans le quotidien des enfants et des adolescents. Bien qu’en ligne, ces actes ont de réelles conséquences sur les enfants qui en sont victimes.  

1. Les techniques de manipulation des prédateurs en ligne  

L’anonymat garanti sur certaines plateformes et réseaux sociaux permettent aux agresseurs de se faire passer pour des enfants afin de gagner la confiance de leurs victimes. C’est ce qu’on appelle le « grooming » ou « pédopiégeage », une technique de manipulation insidieuse qu’utilisent les prédateurs pour récupérer des contenus intimes ou inciter des mineurs à les rencontrer hors ligne.   

Cependant, même lorsque les interactions se limitent au virtuel, les risques restent nombreux. Certains pédocriminels récupèrent les photos et vidéos que les parents postent sur Internet pour les utiliser à des fins sexuelles, ou font chanter des adolescents en échange d’argent ou de sollicitations sexuelles. 

2. La recherche, la consultation et la diffusion de contenus pédocriminels   

Les contenus pédocriminels, mettant en scène des enfants exploités sexuellement, sont de plus en plus faciles d’accès, y compris sur les moteurs de recherche classiques et les réseaux sociaux. Derrière ce qui ne sont apparemment que des images, de véritables enfants sont victimes de violences, et revivent leur agression à chaque fois qu’elles sont partagées en ligne.  

Il arrive également que les prédateurs utilisent ces contenus pour normaliser les violences faites aux enfants et désensibiliser les plus jeunes. 

Le développement des nouvelles technologies, et notamment de l’Intelligence Artificielle, facilite également la création de contenus. De nombreux prédateurs créent ainsi des «deepfakes» en collant par exemple le visage d’un enfant sur un corps dénudé ou dans des positions sexuellement explicites.  

40%

des personnes consultant des contenus pédocriminels sur le darknet ont déjà cherché à contacter un enfant en ligne.

(Suojellaan Lapsia Protect Children, 2024) 

Environ 95%

des contenus pédocriminels devraient être générés par l’Intelligence Artificielle d’ici quelques années.

(Gabrielle Hazan, RadioFrance, 2024) 

Le livestreaming

Le « live-streaming » ou viol en direct à distance est une nouvelle forme d’acte pédocriminel en forte augmentation depuis plusieurs années, et notamment aux Philippines. Des prédateurs sexuels, le plus souvent occidentaux, commanditent des agressions sexuelles sur des enfants commises par leur entourage, et filmées à leur intention !

Pour en savoir plus, découvrir le reportage Enquête exclusive auquel a participé CAMELEON. 

Que dit la loi ?

La cyberpédocriminalité englobe tous les délits et crimes sexuels commis envers les enfants sur Internet.  

La consultation de contenus pédocriminels 

Les faits de diffuser, consulter ou enregistrer des contenus mettant en scène un mineur ou la représentation d’un mineur de manière sexuellement explicite est puni par la loi (art. 227-23 du Code Pénal). Les peines sont portées à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, et augmentent lorsqu’elles sont commises en bande organisée. 

L’exposition à des contenus pornographiques  

Le fait pour une personne majeure de montrer un contenu pornographique ou pédopornographique est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende (art. 227-24 du Code Pénal).  

Le grooming  

Le fait pour une personne adulte de faire des propositions sexuelles à un mineur de quinze ans ou à une personne se présentant comme tell en utilisant un moyen de communication électronique est puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende (art. 227-22-1 du Code Pénal). Lorsque les propositions sexuelles sont suivies d’une rencontre, ces peines sont portées à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.   

La sextorsion  

Le fait pour un majeur d’inciter un mineur, par un moyen de communication électronique, à commettre tout acte de nature sexuelle, soit sur lui-même, soit sur ou avec un tiers, même si cette incitation n’est pas suivie d’effet, est puni de 7 ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende (art. 227-22-2 du Code Pénal). Lorsque les faits sont commis sur un mineur de moins de 15 ans, les peines sont portées à 10 ans d’emprisonnement et à 150 000 euros d’amende.  

Les deepfakes ou « hyper-trucage » 

Le fait de porter à la connaissance du public ou d’un tiers un contenu visuel ou sonore à caractère sexuel généré par un traitement algorithmique et reproduisant l’image ou les paroles d’une personne est puni de 2 ans d’emprisonnement de 60 000 euros d’amende (art. 226-8-1 du Code Pénal).  

Le livestreaming 

Le fait pour une personne majeure de commander, en échange d’argent, l’agression sexuelle ou le viol en direct d’un.e mineur.e dans un pays étranger sur une plateforme d’appel vidéo en direct via Internet est puni de 7 ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende pour une agression sexuelle, et de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende pour un viol.