Cet article a été rédigé d’après les outils de sensibilisation du Conseil de l’Europe et du site Permisdeprudence.fr.
Chaque année en France, des milliers d’enfants sont victimes de violences sexuelles. Mais beaucoup d’enfants ont peur, ne savent pas que la situation qu’ils subissent est anormale, et se taisent. Seuls 10 % des faits de violence sexuelle sur mineurs font l’objet d’une plainte. C’est un sujet difficile mais il est nécessaire d’en parler avec les enfants pour lutter contre ce fléau. Des enfants sensibilisés sont des enfants mieux protégés qui auront moins peur de parler en cas de violences.
En 3 parties, vous trouverez des pistes pour aborder le sujet avec un discours adopté aux enfants. Elles peuvent aussi être lues par eux à partir de 9-10 ans, si vous les accompagnez pour accueillir leurs remarques et interrogations. Il ne s’agit pas d’effrayer les enfants mais de vous donner un outil de prévention / de dialogue pour qu’ils connaissent leurs droits et les personnes pouvant les aider en cas de problème.
En complément, vous pouvez aussi le sensibiliser avec le clip vidéo « Parle à quelqu’un de confiance » du Conseil de l’Europe et sous forme de quiz avec un « permis de prudence » mettant en scène des situations à risque et comment réagir.
Ton corps, tes droits
Tous les enfants du monde ont les mêmes droits. C’est un texte très important adopté en 1989, la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) qui rappelle tout ce dont les enfants ont besoin pour bien grandir : avoir une famille, une maison, de l’amour, à manger, aller à l’école, pouvoir s’amuser et se reposer, s’exprimer… et être protégés contre les violences. Presque tous les États du monde se sont engagés pour faire respecter ces droits, ce qui signifie que ton gouvernement et les adultes autour de toi ont le devoir de te protéger, toi en tant qu’enfant.
Dans ton environnement quotidien, tu rencontres beaucoup d’adultes :
- à la maison,
- à l’école,
- aux activités comme la danse, le basket, la musique…
- dans la rue
La plupart de ces adultes sont bienveillants envers toi. Mais il peut arriver que certaines personnes soient dangereuses pour les enfants car elles ne se comportent pas comme elles le devraient. Ce sont des adultes qui peuvent faire des choses gênantes aux enfants qui les rendent mal à l’aise avec leur corps ou qui veulent faire aux enfants des gestes qui ne se font qu’entre adultes, par exemple entre amoureux. Leur attirance pour les enfants les rend malades, on les appelle des « pédophiles » ou « pédocriminels ». Aucun adulte n’a le droit de faire du mal aux enfants et les violences faites aux enfants sont interdites et punies par la loi. Tu as des droits, notamment le droit qu’on respecte ton corps et ton intégrité.
I- Le droit à l’intégrité et le consentement
Tu as le droit qu’on respecte ton intégrité, ça signifie que ton corps t’appartient, personne n’a le droit de te toucher sans ton accord, ni de te faire du mal physiquement ou moralement. C’est toi qui décides ce que tu fais de ton corps : ni tes parents, ni tes amis, ni des adultes que tu connais, ni des inconnus.
Si un adulte ou un camarade te demande quelque chose en rapport avec ton corps qui te met mal à l’aise, tu as le droit de dire NON je ne suis pas d’accord !
Chaque personne est différente et unique, c’est pourquoi certains adorent se prendre dans les bras et d’autres n’aiment pas du tout cela. Mais on a tous droit au respect, c’est pourquoi si on veut toucher quelqu’un il faut lui demander sa permission et écouter sa réponse. Il est important de toujours respecter le refus de la personne à qui l’on souhaite faire un câlin par exemple car c’est son droit. Demander si l’autre est d’accord, cela s’appelle le CONSENTEMENT et c’est très important !
Si toi tu n’aimes pas qu’on te prenne dans les bras sans ton accord, tu as le droit de dire « Non je n’ai pas envie ». Il faut que les deux personnes soient d’accord pour se tenir la main, faire un bisou ou un câlin.
Alors, comment savoir si la personne à qui l’on souhaite faire un câlin est d’accord ?
Il suffit de demander si l’autre est d’accord et d’ECOUTER sa réponse !
- Est-ce que je peux te faire un câlin ?
- Oui avec plaisir !
- Est-ce que je peux te prendre la main
- Oh euh non merci…
- D’accord ! On respecte le refus de la personne à qui l’on souhaite faire un câlin !
ATTENTION, si une personne te fait du chantage (t’obliger en te menaçant) pour que tu dises « oui », ce n’est pas obtenir ton accord !
II- Les agressions sexuelles
Il y a des gestes que peuvent avoir des adultes sur le corps des enfants et qui sont INTERDITS. Ce sont des gestes qui touchent les parties intimes du corps des enfants c’est-à-dire celles qui sont recouvertes par les sous-vêtements (sexe, fesses, poitrine). Ces parties sont privées et personne n’a le droit d’y toucher.
Certains adultes peuvent obliger des enfants à faire des choses sexuelles en utilisant la force, la violence, les menaces ou le chantage. Ils peuvent aussi faire semblant d’être gentils pour essayer de convaincre les enfants d’accepter mais les enfants sont trop jeunes et n’ont pas la maturité pour donner leur consentement aux adultes.
Un enfant peut penser qu’il est d’accord, mais en fait il ne peut pas imaginer ce qu’est la sexualité et son corps n’est pas encore prêt. Les adultes n’ont pas le droit de toucher les parties intimes des enfants ni de demander aux enfants de toucher les leurs.
Les gestes sexuels des adultes avec des enfants sont des agressions. C’est INTERDIT et PUNI PAR LA LOI !
Les adultes n’ont pas le droit de te faire du mal, mais les autres enfants non plus. Aucun élève de ta classe, camarade, ami de tes amis ou autre enfant / adolescent n’a le droit de porter atteinte à ton corps en te faisant du chantage, des promesses, en te menaçant ou en te manipulant. Ton corps est à toi, toi seul a le droit décider ce que tu fais de ton corps !
Si tu n’es pas d’accord tu as le droit de dire « Non tu ne me touches pas ».
Toutes les grandes personnes n’ont pas de mauvaises idées dans la tête lorsqu’elles font un câlin à un enfant, surtout si elles sont de la même famille : la plupart du temps, c’est un geste de tendresse et d’affection. Il ne faut pas être envahi par la peur mais c’est important de faire la différence entre les gestes de tendresse et les gestes interdits.
III- Pour t’aider
Si tu vis ou as vécu une situation qui t’a mis mal à l’aise, où ton corps et ton intégrité n’ont pas été respectés, il faut que tu puisses parler pour que cela n’arrive plus. Qu’il s’agisse d’un inconnu ou d’un adulte de ton entourage, c’est normal d’avoir peur d’en parler.
Beaucoup d’enfants victimes peuvent ressentir de la honte ou de la culpabilité, comme si c’était leur faute. L’adulte a tort et ce n’est PAS DE TA FAUTE ! Ton corps est à toi et a besoin de sécurité.
Même si c’est une personne que tu connais et que tu aimes, elle n’a pas le droit de te faire du mal et tu dois être protégé. Tu peux hésiter car il peut s’agir d’un secret et tu ne veux pas trahir la confiance de cette personne.
Normalement on ne doit pas répéter les secrets mais sache qu’il existe des bons et des mauvais secrets. Les bons secrets sont ceux qui rendent joyeux / heureux, par exemple : le cadeau qu’on a fait à l’école pour ses parents ou une fête surprise d’anniversaire ! Les mauvais secrets sont ceux qui rendent triste, angoissé et malheureux à l’intérieur. Si quelqu’un te dit de garder secret quelque chose de bizarre qui s’est passé entre vous, ce n’est pas normal, justement, c’est une alarme qui doit te faire penser que tu es en danger. C’est très important d’en parler à une personne de confiance qui peut être :
- Quelqu’un de ta famille
- Ta maîtresse ou ton maître, une animatrice ou un animateur de l’école, la direction ou la personne de l’accueil
- Les parents d’un de tes amis ou camarades de classe
- Un voisin ou une voisine
- Tout autre adulte en qui tu as confiance et qui t’écoutera
En parler c’est te sauver. Sache que tu peux être fier/fière de toi de réussir à parler, c’est très important pour que tu puisses être protégé et que la personne qui t’a fait du mal ne s’en prenne pas à d’autres enfants. Tu n’as pas à te sentir coupable de ce qu’il s’est passé, tu n’es pas responsable, c’est aux adultes de te protéger.
C’est toi qui choisis à qui tu souhaites te confier. Si jamais on ne te croit pas, tu dois en parler à quelqu’un d’autre.
Tu peux aussi appeler le numéro 119 pour demander de l’aide si tu es en danger ou maltraité. C’est un numéro gratuit que le gouvernement a mis en place pour que les enfants victimes de violences puissent donner l’alerte et être protégés.
Si tu appelles, des personnes spécialisées pour défendre les enfants t’écouteront et pourront t’aider. Si ça ne répond pas au téléphone, n’hésite pas à rappeler. Tu peux aussi expliquer ta situation sur Internet en n’oubliant pas d’écrire ton nom, ton prénom et ton adresse, en cliquant ici.
Tu peux y arriver, plusieurs adultes peuvent t’aider, tu n’es pas seul.e.
Si un ami se confie à toi et révèle qu’il subit des violences, tu peux l’aider en en parlant à un adulte de confiance pour le protéger. Ton ami a besoin d’aide, il faut absolument en parler.
Source : Visuels extraits de la vidéo du Conseil de l’Europe « Parle à quelqu’un de confiance »