Qu’est ce que la sextorsion ?

Combiné de « s*xe » et « extorsion”, la sextorsion désigne le fait de menacer de diffuser ou de poster sur Internet des contenus intimes (images ou vidéos à caractère sexuel). L’objectif : obtenir de l’argent, d’autres contenus intimes, ou tout autre avantage, allant parfois jusqu’à une rencontre hors-ligne. 

Comme l’ensemble des violences sexuelles en ligne, cette pratique est en constante augmentation depuis quelques années. Elle touche de plus en plus d’enfants. Dans le monde, le nombre de signalements pour sextorsion a augmenté de 300% depuis 2021 (NCMEC, 2023). L’Office Mineurs (OFMIN), le service d’enquête dédié aux violences faites aux mineurs en France, alertait également en fin d’année 2023 sur l’expansion du phénomène. En effet, il aurait reçu près de 12 000 signalements pour sextorsion en un an, contre seulement une douzaine en 2020.  

Comment procèdent les auteurs ?

Les faits de sextorsion ne sont pas des faits divers. Ils sont d’abord essentiellement commis par des réseaux de criminalité organisée ayant mis au point différentes méthodes.  

Pour approcher les mineurs, les agresseurs utilisent les réseaux sociaux ou les plateformes de jeux en ligne de façon à gagner leur confiance. Ils se font parfois passer pour des jeunes de l’âge de leur victime pour les manipuler plus facilement, c’est ce qu’on appelle le “grooming”. 

Peu à peu, les discussions prennent une tournure sexuelle. Les agresseurs incitent alors les victimes à envoyer des contenus intimes ou à réaliser des actes sexuels par webcam. Cette dernière technique est notamment utilisée pour viser les jeunes adolescents. Un prédateur se fait passer pour une jeune fille, dont l’image est trouvée sur Internet ou générée par des technologies d’intelligence artificielle, qui invite la victime à réaliser des actes sexuels en direct.  

Une fois les images enregistrées, le piège se referme. Le prédateur menace donc de diffuser ces contenus sur Internet ou auprès de l’entourage de la victime si celle-ci refuse de lui transférer de l’argent, de lui envoyer d’autres contenus à caractère sexuel ou d’accepter une rencontre.  

« Si je ne répondais pas ou si je me montrais réticente, il menaçait de tout diffuser. J’étais complètement bloquée. » – Camille*, 15 ans, victime de sextorsion.

L’augmentation des cas de sextorsion s’explique notamment par l’accessibilité croissante des nouvelles technologies, de plus en plus utilisées à des fins criminelles et pédocriminelles. En quelques clics, des prédateurs peuvent générer des deepfakes, c’est-à-dire des contenus truqués avec des Intelligences Artificielles, et faire chanter leurs victimes.

*Prénom modifié pour protéger l’identité de la personne.

 

Qui sont les victimes de sextorsion ? 

Si les violences sexuelles hors ligne comme en ligne touchent en majorité les filles et les femmes, la sextorsion se distingue par sa cible. Les adolescents âgés de 14 à 17 ans, et notamment les garçons, sont les plus visés. Les méthodes diffèrent également selon les genres. En général, les pédocriminels visent davantage la production de contenus intimes chez les jeunes filles, et un chantage financier chez les jeunes garçons.  

Les adolescents et adolescentes victimes n’osent cependant que très peu en parler à leur entourage. Honte face aux contenus envoyés, sentiment de culpabilité et impression qu’il n’existe aucune issue les enferment dans le silence.  

Pourtant, la détention et la diffusion d’un contenu à caractère sexuel mettant en scène un mineur, qu’il ait été envoyé de manière consentante ou non, sont punies par la loi,* tout comme le fait, pour un majeur, d’inciter un mineur à commettre tout acte de nature sexuelle via des moyens de communication électroniques.** 

Les bons réflexes à adopter

Face à des faits de sextorsion, ne cédez pas au chantage et refusez l’envoi de contenus et d’argent. Voici les étapes à suivre :  

  • Prenez des captures d’écran de l’échange  
  • Bloquez l’auteur 
  • Parlez-en à une personne de confiance  
  • Allez déposer plainte  
  • Contactez le 3018 pour faire supprimer les contenus s’ils ont été diffusés en ligne 

Enfin, pour prévenir ces situations, qu’on soit parent ou enfant, nous vous recommandons de bien paramétrer et sécuriser vos comptes sur les réseaux sociaux (se mettre en privé, empêcher les personnes inconnues d’envoyer des messages…). Si une personne inconnue vous contacte, mieux vaut également ne pas transmettre d’informations personnelles comme votre nom, votre adresse ou votre numéro de téléphone.  

    Sources :

    IWF (2023) https://www.iwf.org.uk/news-media/news/hotline-reports-shocking-rise-in-the-sextortion-of-boys/ 
    Suojellan Lapsia – Protect Children, Violences et exploitation sexuelle d’enfants en ligne en France : expérience des survivant.tes francophones et point de vue des délinquants (avril 2024)  
    Cybertipline NCMEC 2023  CyberTipline Data (missingkids.org) 
    Europol (2021) – https://www.europol.europa.eu/operations-services-and-innovation/public-awareness-and-prevention-guides/online-sexual-coercion-and-extortion-crime  
    Paturaud, J. (2022). Le calvaire de Camille, une lycéenne de 15 ans victime de sextortion. Le Figaro Etudiant. https://etudiant.lefigaro.fr/article/le-supplice-de-camille-victime-de-sextortion-a-15-ans_52d93f9c-44b0-11ed-9675-a50dbc0b04bb/