Quelle est la situation des enfants philippins face aux violences sexuelles ?
Les enfants, et très majoritairement les filles, restent les premières victimes des violences sexuelles aux Philippines, malgré un environnement législatif favorable au respect et à la protection de leurs droits. Ils font face à de nombreuses difficultés : déscolarisation, travail, prostitution, grossesses précoces, maladies sexuellement transmissibles.
Leur vulnérabilité s’explique par la pauvreté, le manque d’éducation, l’influence de l’alcool et des drogues, les inégalités de genre, le regard des parents sur leurs enfants (considérés comme leur propriété, sans opinion, sans droit, sans liberté).
17.1 % des jeunes entre 13 et 18 ans ont subi des violences sexuelles selon le Center for Women’s Research, qui précise que 13,7 % de ces violences ont été subi à la maison. Les chiffres sont largement sous-estimés. En effet, il n’existe pas de système de collecte d’informations fiables sur la maltraitance des enfants.
La culture du silence et de la honte, très présente aux Philippines, conduit également à ce que la plupart des victimes subissent et souffrent sans rien dire. Pourtant, il se produit 1 viol toutes les 53 minutes selon des propos tirés du Manilla’s bulletin.
Comment cette souffrance se traduit-elle ?
D’après les chiffres du National Council for the Welfare of Children (organisme ayant pour but de renforcer l’application de la loi en faveur des enfants), 39.2 % des enfants admettent avoir fait preuve de violence à l’égard de tierce personne suite à leur traumatisme.
44.1 % des jeunes ayant subi un abus physique ou sexuel, entre 13 et 18 ans, sont arrêtés pour violences ou crimes les années suivantes.
43% des jeunes filles violées tombent enceintes de leur agresseur ; aux Philippines cela est considéré comme un déshonneur pour la famille qui a tendance à rejeter les jeunes filles en question.
Comment le gouvernement lutte-t-il contre ces violences ?
L’expérience de CAMELEON a permis de mettre en évidence une faille judiciaire importante aux Philippines : les procédures judiciaires en cas d’attaque en justice de l’agresseur sont extrêmement longues (environ 5 à 8 ans).
Lors de l’étude réalisée par le National Council of the Welfare for Children, une triste réalité a été mise en lumière. En effet, cette dernière démontre que 3 personnes sur 5 interrogées ont subi des violences étant jeunes et que 3.2% des enfants ont été forcés à pratiquer une activité sexuelle. 78 % des victimes déclarent avoir fait appel à la justice mais de nombreuses affirment avoir abandonnées les poursuites du fait de la lenteur de la procédure judiciaire.
Le gouvernement a mis en place plusieurs lois qui font obligation de l’Etat d’aider ses victimes. Le nombre de cas signalés a donc sensiblement augmenté. Cependant cela reste encore assez limité car seulement 1% du budget gouvernemental est alloué aux services et aides à l’enfance d’après l’ECPAT (ONG Française qui lutte lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales).
De même, CAMELEON a rendu public son rapport sur les violences sexuelles à l’égard des enfants en vue de l’Examen Périodique Universel (EPU) des Philippines prévu cette année aux Nations Unies.
>> Retrouvez l’EPU ici <<
Face à la situation alarmante, CAMELEON continue de mener son combat quotidien sur le terrain en apportant son aide aux jeunes victimes.