« Restez chez vous ! » C’est la consigne sanitaire et citoyenne que nous devons tous et toutes respecter depuis le 16 mars dernier pour lutter contre la pandémie de Coronavirus qui sévit partout dans le monde. Protégeons nos aînés et les plus vulnérables, soyons solidaires des soignants, ne nous mettons pas en danger et ne risquons pas la vie d’autrui…
Pourtant est-on toujours plus en sécurité chez soi ? Des dizaines de milliers d’enfants sont chaque jour victimes de maltraitance. Avec le confinement, ils sont exposés à un danger bien plus grave, enfermés en permanence avec leur(s) bourreau(x) et sans aucune échappatoire aux violences. S’il faut protéger les enfants du risque de contamination par le virus, nous avons également le devoir d’être particulièrement vigilants pour les sauver de foyers maltraitants !
Des appels en hausse de 89% pour signaler les enfants en danger !
Dans ce contexte, le Gouvernement a mis en place plusieurs mesures exceptionnelles pour renforcer les services du 119-Allo Enfance en Danger et lutter contre les violences intrafamiliales : campagnes de communication, signalements en ligne, tchats, partenariat avec des associations.
Adrien Taquet, Secrétaire d’État en charge de la protection de l’enfance, alerte sur les risques accrus de violences envers les enfants et exhorte à la responsabilité collective pour signaler les enfants en danger. Les appels au service national d’écoute et d’orientation du 119 ont augmenté de 20% depuis le début de la crise avec davantage de signalements par les enfants eux-mêmes ou par des voisins.
Mais la semaine dernière, un nouveau seuil a été franchi dans l’inacceptable. Alors que le confinement s’étale dans la durée, les violences ne cessent d’augmenter. Dans un communiqué de presse publié le 22 avril 2020, le gouvernement fait état de chiffres effrayants :
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+89% d’appels soit plus de 14 500 appels du 13 au 19 avril par rapport à la même période en 2019 et pour 730 appels par jour habituellement
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+60% d’appels qui nécessitent une intervention en urgence (92 enfants en grand danger ont été placés suite à ces signalements depuis le 16 mars).
Saluons le courage et la solidarité des enfants puisque les appels de mineur.e.s s’inquiétant pour un.e camarade ont quant à eux progressé de 58% !
Repérage compliqué, assumons nos responsabilités !
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la maltraitance infantile comme « toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence […] dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. » Il est ainsi très difficile pour un enfant de révéler les violences subies : loyauté envers ses parents, manipulation ou emprise, peur des représailles, méconnaissance du caractère anormal de la situation, isolement…
En temps normal, l’école et les loisirs font parfois office de « refuge » pour certains enfants, avec des adultes qui peuvent repérer et signaler les mineurs en danger. Mais aujourd’hui les enseignants, les animateurs et les éducateurs exercent plus difficilement leur rôle de prévention malgré les dispositifs de continuité pédagogique et des services sociaux. Les enfants sont privés de contact avec l’extérieur et peuvent moins facilement demander de l’aide.
Il est encore plus important qu’en tant que citoyens, parents, amis, voisins, nous soyons toutes et tous mobilisés contre les violences
« Si vous avez le moindre doute concernant la maltraitance d’un enfant, alertez ! »
Le 119 est un numéro national gratuit, accessible 7 jours sur 7, qui n’apparaît pas sur les relevés téléphoniques. Des écoutants spécialisés peuvent vous orienter, répondre à vos questions sur une situation et transmettre une information préoccupante aux services sociaux en cas de risque ou de danger pour un enfant. Les appels d’enfants sont prioritaires. Vous pouvez aussi faire un signalement en ligne ici.
En cas de danger immédiat menaçant la vie et l’intégrité d’un enfant, appelez la police au 17 !
Enfin, durant la période du confinement, il est possible de demander de l’aide par SMS au 114. Réservé habituellement aux personnes sourdes et malentendantes, vous pouvez utiliser ce numéro si vous êtes témoin ou victime de maltraitance.