Robert, 23 ans est diplômé d’une Licence en Sciences de l’Informatique et de la Technologie. Ancien bénéficiaire de CAMELEON, il est aujourd’hui Professeur au Lycée de Passi.
L’aîné de ma famille…
Je viens d’une famille de quatre enfants. Le plus vieux de mes frères est marié aussi je me considère comme étant l’aîné. Je suis le seul à avoir fini l’université. Mon autre frère entre dans sa première année de lycée et le plus jeune d’entre nous est encore au collège. »
Mon intégration à CAMELEON…
Je connais l’association CAMELEON depuis que je suis au collège. Un jour, je me suis rendu au bureau de l’Aide Sociale à l’Enfance (DSWD) et à ce moment-là, CAMELEON recherchait des jeunes avec de bons résultats scolaires dans le but de les parrainer. Je me suis ensuite fait interviewer par Madame Arlyn. Elle m’a questionné sur ma personnalité, mon enfance et ma famille. La question la plus importante était celle des revenus car si notre famille avait eu de quoi payer notre école, alors nous n’aurions pas été sélectionnés pour bénéficier du parrainage de CAMELEON. Sur l’ensemble des bénéficiaires parrainés, j’étais le seul à ne faire partie d’un Barangay de la ville de Passi et qui ait réussi à intégrer ce programme. C’était en juin 2007, lors de ma première année de lycée. »
Je mettais de l’argent de côté pour reprendre mes études…
Avant d’intégrer CAMELEON, j’avais obtenu le diplôme du collège. Cependant, j’ai dû arrêter mes études pendant deux ans car mes parents ne pouvaient pas se permettre de m’envoyer au lycée. J’ai donc travaillé en tant qu’employé de visites itinérantes. Je mettais de l’argent de côté pour pouvoir reprendre mes études plus tard. Je suis vraiment chanceux car grâce à l’aide apportée par CAMELEON, mes parents ont été en mesure de me laisser continuer mes études. »
Les cours de technologie et d’informatique…
Quand j’ai repris mes études, je me suis orienté vers une Licence en Sciences de l’Informatique et de Technologie. Pendant mes deux années de pause, je n’avais jamais pensé aux études que je ferai plus tard. Heureusement, mon cousin m’a conseillé : « Bert, tu devrais prendre des cours de technologie car c’est la tendance actuelle. Il n’y a pas mieux que de savoir se servir d’un ordinateur. Tant qu’il y aura des ordinateurs, tu pourras avoir un travail facilement. » Je me suis donc orienté dans cette voix.
Ma vie à l’université d’Iloilo était plutôt joyeuse et agréable. Je me suis fait des amis, j’ai acquis des connaissances sur la programmation et l’édition de vidéos. J’ai porté l’uniforme de l’école, acheté du matériel scolaire et bénéficié d’un suivi médical. De plus, j’ai été élu comme Président du département de notre filière universitaire. Je devais organiser diverses activités pour promouvoir la vie étudiante. Imaginez qu’il y avait 720 étudiants rien que dans notre département ! Peut-être ont-ils vu en moi l’âme d’un responsable et d’un dirigeant !».
Je n’oublierai jamais …
A CAMELEON, nous avions accès à une aide médicale et à beaucoup d’activités sportives et artistiques. Nous pouvions chanter, danser et faire du théâtre toute l’année, participer aux activités du Summer Camp et à celles proposées pendant les vacances de Noël.
Cependant, la plus belle chose que CAMELEON m’ait apportée a été lors du passage du Typhon Yolanda. A cause de cette catastrophe naturelle, la maison de ma famille a été complétement détruite mais l’association et ma marraine nous ont aidés à en reconstruire une nouvelle. Cette étape a été la plus grande contribution que l’association ait apportée à ma famille et moi-même. Je n’oublierai jamais ! Ils nous ont quand même offert un nouveau toit alors que nous n’en avions plus !
Par ailleurs, avant tout cela, il y a eu la visite d’une assistante sociale de CAMELEON qui travaille maintenant à l’Aide Sociale à l’Enfance. Elle m’a présenté le programme de prévention et de plaidoyer concernant le droit des Enfants. Je suis donc devenu l’un des Voice of CAMELEON’s Children (VCC) à mon tour. Nous devions faire des interventions dans différentes communautés pour informer du droit et des responsabilités des enfants. Pour nous aider lors de ces présentations, l’association nous a formés et accompagnés. J’étais très investi dans ce programme lorsque j’étais encore bénéficiaire ce qui m’a valu d’être nommé président de l’organisation durant toute cette période. »
Ma vocation…
Après l’obtention de ma licence, j’ai d’abord travaillé dans une banque à Passi où j’étais chargé du suivi des comptes bancaires. J’ai ensuite été muté à Boracay où je me suis vite aperçu que ce travail n’était pas ma vocation. En effet, j’ai réalisé que je n’aimais pas la finance car j’étais mal à l’aise avec la collecte d’argent. Par conséquent, après quatre jours de travail et la permission de ma mère, j’ai décidé de démissionner et de revenir à Passi.
En juin 2014, pendant que je préparais ma recherche d’emploi, un de mes professeurs m’a appelé pour m’annoncer que mon ancienne école recherchait un professeur d’informatique. Je lui ai répondu que cette nouvelle était une bénédiction. Lors de cet entretien, nous étions cinq sur le poste. Il y avait beaucoup de compétition mais j’ai réussi à décrocher ce poste.
J’étais très angoissé quand j’ai commencé à travailler en tant qu’enseignant car je n’avais jamais pensé à enseigner. D’autant plus que certains de mes élèves me connaissaient déjà. Le plus dur a été lorsqu’ils m’ont appelé « Monsieur ». Je ne comprenais pas pourquoi alors que je leur avais demandé de m’appeler « Robert ». Ils m’ont répondu que maintenant que j’étais leur professeur,« Monsieur », était un signe de respect. La première fois que j’ai donné un cours, j’ai dû leur énoncer différentes règles. Ils devaient être coopérants et respectueux pour valider mes enseignements. Au premier abord, mes élèves ont pensé que j’étais très sévère. Au fur et à mesure, chacun de nous a su trouver sa place et mes cours sont devenus plus interactifs. Cette difficulté passée, l’autre complication a été de croiser mes anciens professeurs. Quand je donnais mes cours, je savais qu’ils m’observaient, ce qui m’intimidait beaucoup. Plus le temps passait, plus j’apprenais à aimer cette profession. Dans le but d’obtenir un poste à temps plein et définitif, mes collègues m’ont conseillé de tenter d’obtenir un Master. Avant d’être professeur, j’ai travaillé quelques temps dans la fonction publique. Ce travail m’a permis de bénéficier d’unités que je pourrai utiliser à l’Université d’Iloilo pour mon Master. En même temps que je continue à enseigner, j’étudie.
Un jour, à la fin du mois de mars de cette année, un de mes anciens camarades de classe, travaillant à l’étranger, m’a appelé pour me proposer du travail. C’était une nouvelle opportunité pour moi mais j’ai refusé. Même si cela a été dur, j’ai maintenant trouvé ma place en tant que professeur et j’aime retrouver mes élèves tous les jours. J’ai appris qu’il est toujours possible d’étudier, même après avoir été étudiant. Je me dis également, qu’en tant que professeur, il saura facile pour moi de postuler à d’autres postes d’enseignant car j’ai acquis une belle expérience professionnelle.
Ma marraine est fière de moi…
Ma marraine française a trois enfants. Elle m’envoyait des lettres tous les mois, sans oublier mon anniversaire, Noël, le Nouvel an et mes remises de diplômes. Elle me faisait également parvenir des petites sommes d’argent.
Je n’ai jamais pu la rencontrer car elle ne pouvait pas se permettre de laisser ses enfants quelques semaines pour venir me rencontrer aux Philippines.
C’est une personne gentille, généreuse, attentionnée et aimante. A chaque fois qu’elle m’écrivait, elle n’oubliait pas de me rappeler d’envoyer ses meilleurs vœux à toute ma famille.
Elle a été mon unique marraine et même après la fin du parrainage, elle a souhaité que l’on continue à s’écrire.
Je sais qu’elle est très fière de ce que j’ai accompli et surtout que son argent n’ait pas été gaspillé. J’ai travaillé dur à l’école, j’ai obtenu un travail d’enseignant et j’ai même repris mes études en même temps que mon travail.
Un grand merci…
Je voudrai dire MERCI à Madame Chantal et Mademoiselle Sevnchan, merci beaucoup, pour ce que vous m’avez apporté. Merci de m’avoir supporté pendant ces quatre années de ma vie. Sans vous, je ne sais pas si j’aurais été capable de réussir et je ne pense pas que j’aurais pu aller jusqu’au lycée.
CAMELEON change de couleurs en fonction de son environnement. Je suis vraiment fier de m’être adapté aux couleurs de la société parce que j’ai réussi à devenir un professeur accompli. Je dirai aussi aux enfants parrainés : « persévérez dans vos études, appréciez l’éducation que vous recevez, travaillez dur, estimez votre parrain, finissez vos études et décrochez un travail afin de pouvoir sortir de la pauvreté ».